J’ai posé quelques questions à Photocoptère que je suis sur Twitter et qui est une société travaillant avec des aéronefs télépilotés et homologués par la DGAC, en langage « commun » ils font de la photo et de la vidéos avec des « drones » pour leur travail…
J’ai posé quelques question à Jean-Philippe de Photocoptère pour en savoir plus sur ce métier : piloter des aéronef télépiloté et faire des photos et vidéos dans le respect de la législation en vigueur.
Photocoptere est une entreprise immatriculée mi 2013 mais l’activité photo existe depuis 1997. Je fais de l’électronique depuis le début des années 80 et titulaire d’une licence radioamateur depuis 10 ans également passionné d’aviation et de photo depuis mon enfance, j’ai publié ma première photo aérienne en 1984 alors que je n’avais que 12 ans dans le quotidien l’est républicain. J’ai découvert le drone en 2010 avec l’AR drone mais pratiquais déjà l’hélico et l’avion.
Dans quelques semaines, Photocoptere et skyrobot (marque de drones professionnels homologués qui m’appartient) fusionneront pour donner naissance a la SAS CMDrones avec 2 associés, Les marques déposées photocoptere et skyrobot existeront toujours mais au sein de ce nouveau groupe dans lequel nous ouvrons aussi un centre de formation aux métiers du drone en collaboration avec aéro-thise, l’aérodrome de Besançon.
Quand on part de zéro, le chemin est très long, j’ai débuté la construction de mon premier drone pro en 2012 et débuté la rédaction de tous les documents comme le dossier technique et le MAP pour la DGAC, c’était un hexacoptere. Nous étions moins de 100 à être autorisés par la DGAC et le dépôt prenais 2 ou 3 semaines. En ce moment les dossiers mettent 2 à 3 mois soit 4 fois plus longtemps !
Pour pouvoir voler hors agglomération, il faut tout d’abord être titulaire d’une licence théorique aéronautique (minimum ULM), il faut un appareil homologué ou bien demander son autorisation (qui demande la rédaction d’un dossier technique) et il faut déposer un manuel d’activités particulières à la DGAC muni d’une déclaration de niveau de compétence(DNC). Une fois autorisé, il faut s’assurer en responsabilité civile auprès d’une compagnie comme AXA aéro.
Attention car même en pleine campagne, certaines zones sont interdites de vol sans protocole avec un aéroport, aérodrome, hôpital ou base militaire et tous les vols doivent être déclarés au préalable !
En ville tout se complique, il faut avoir un appareil dont le poids maximum correspond aux exigences, un arrêté préfectoral dans chaque département dans lequel nous travaillons (nous avons 76 arrêtés préfectoraux pour toute la France) et nous faisons assister de la police ou de la gendarmerie pour certains vols afin d’assurer soit notre propre sécurité soit faire respecter un arrêté municipal de coupure de circulation.
La partie administrative me prends un temps fou mais sans cela on ne survit pas car les clients demandent les autorisations et c’est une bonne chose car pendant longtemps, certains ont fait n’importe quoi et n’importe comment. C’est cette rigueur qui permet de se démarquer des autres.
Dans les formations que nous donnons chaque mois, nous apprenons a nos élèves le montage et le réglage d’un quadricoptere, la rédaction des dossiers et toutes les ficelles du métier faisant gagner plusieurs mois de galère
Nous ne travaillons qu’avec des professionnels. En ce moment nous réalisons des scènes pour un film dans un département voisin et travaillons aussi pour des chaines de télévision, des services communication de villes, départements, régions ou entreprises. Pour des raisons stratégiques et de confidentialité, je ne peux dévoiler que quelques noms sur lesquels nous avons communiqué dernièrement comme TF1, France télévision, la ville de Besançon ou encore Transdev.
Tournage pour TF1
Tournage pour Besançon
Une journée de tournage en S3 se prépare en amont, il est nécessaire de faire un repérage avec le client pour étudier la mise en place des zones de sécurité, la demande d’un arrêté municipal (un mois de délai) ou tout simplement la faisabilité du vol. Pour du S1, je fais le repérage seul par rapport aux souhaits du client mais ce type de vol est rare, 80% de nos missions sont en milieu urbain. Ensuite, nous nous réunissons mon cadreur et moi pour étudier les angles de prises de vues et les mouvements de la camera, nous établissons un plan de tournage prévisionnel. Dans certains cas, c’est le réalisateur qui donne les plans à tourner, on a juste à suivre les équipes de production de site en site et tourner des scènes raccord. La veille du tournage, vérification de tout le matériel, état des batteries, fonctionnement des nacelles et des caméras, tout le reste est à demeure dans le camion comme les pièces de rechange, câbles et prises en tout genre. Le jour du tournage, il ne reste plus qu’à suivre le plan dressé précédemment…mais rien ne se passe comme prévu en général !
Quelques photos :
Version « fish Eyes » : « La city » – Besançon
La Cité des Arts de Besançon
Luxeuil
Oui, la photo d’une maison dans un lotissement pour un particulier car c’est trop de formalités pour une prise de vue mais les gens ne comprennent pas que la zone d’exclusion est obligatoire et que la déclaration préalable doit être faite pour faire voler un « jouet ». D’autre missions qui peuvent mettre en danger des personnes ou des biens peuvent être modifiées ou annulées, ça nous est déjà arrivé et en expliquant en détail les risques, les clients comprennent. De toute façon, c’est le télépilote qui a le dernier mot, je préfère perdre un client que de finir au tribunal pour manquement aux règles de sécurité.
Oui, malheureusement… dernièrement j’ai perdu une ½ journée de travail au fond d’un lac mais le principal est que personne n’a été blessé. J’ai préféré sacrifier le matériel en en désarmant les moteurs du drone qui revenait dangereusement sur nous, on s’est fait surprendre par une tempête, tout s’est passé très vite mais les bouées autogonflantes ont fonctionné…sauf pour la nacelle et la camera qui ont coulés.
Sinon il y a de temps en temps de la casse suite à des disfonctionnements, une hélice, un bras ou une caméra. Notre bête noire est les réseaux wifi en ville et les Smartphones à proximité. Quelques auto entrepreneurs ne disposant pas de trésorerie ont cessé leur activité suite à un crash, nous consacrons un large budget dans le renouvellement des caméras et des drones qui ont subi des dommages.
Heureusement que ce type de déconvenues sont rares mais le risque zéro n’existe pas.
Non, je n’ai plus le temps, les seules fois que je pilote sans mon cadreur c’est pour des réglages ou pour tester des machines de clients avant la livraison. En général quand il fait beau et qu’il y a peu de vent, nous sommes en tournage, quand il fait mauvais je suis au bureau ou à l’atelier et mon cadreur s’occupe du traitement des images, des montages ou des plans au sol.
Nous disposons de 10 machines en ordre de vol dont 6 autorisées par la DGAC
Les autres appareils sont des machines d’entrainement :
Pour la partie matériel, nous avons dans notre camion en permanence :
Coté énergie :
Evolution de la société a moyen terme
Nous allons investir dans une aile et suivre une formation pour lancer l’activité agriculture de pointe, cartographie et orthophoto. Nous serons opérationnels pour novembre prochain et comptons embaucher un nouveau télépilote pour travailler sur la Bretagne, les pays de Loire et sur la Franche comté.
Formation à l’aérodrome de Besançon-Thise tous les mois (dernière semaine) limitées à 4 personnes par session, renseignement au 06 51 73 85 72
Un dronie pour la fin
Crédit photos : Photocoptere
Merci Jean-Philippe d’avoir répondu à mes questions afin d’avoir une idée de ce métier, et la prochaine fois que je passe à Besançon je m’arrête caresser tes drones (ou plus si affinités comme on dit)